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Tragique - Adrien' et Hervé

2 participants

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Tragique - Adrien' et Hervé Empty Tragique - Adrien' et Hervé

Message  Spangle Mer 11 Fév 2009 - 22:00

Un naufrage, une catastrophe, une situation qui presse, précipite, fracasse des êtres les uns contre les autres. Une fin tragique. Fait divers, un accident, une chute dans un ravin. Voilà ce qui les attendait au bout de la route, de cette petite route de montagne, sous le bon soleil qui réchauffait ses épaules découvertes, qui rendait tout pimpante la petite auto parée de tulle. Elle pressa le bras de l'homme qui conduisait.
-Roule moins vite, Loulou, c'est dangereux toutes ces épingles à cheveux. Loulou haussa les épaules. Leva tout de même le pied pour complaire à sa jeune épouse. Le paysage défilait au gré des contours de la route, enchanteur.
-C'est magnifique, regarde, Loulou ! Ma-gni-fique ! Il tourna la tête, lui sourit. Dans deux heures, ils seraient à l'hôtel, tout confort, à trois pas de la grande bleue. Dans deux heures, la jolie robe verte qui attirait ses regards, plus seyante, somme toute, que la blanche toilette nuptiale, aurait glissé à terre, exactement comme il l'avait rêvé quelques mois plus tôt. Cette robe qu'elle portait le jour de leur rencontre.
Ainsi, tout arrivait, comme prévu. Cet avenir aperçu en songe pouvait se réaliser avec une exactitude troublante, si facilement... Il crut entendre le tic-tac de l'horloge. Le lent balancier égrenait les instants, affadissant la senteur des sachets de lavande dans les profondeurs de la grande armoire, effaçant jusqu'au souvenir de la chair lisse des jeunes amants, ensevelissant sous une couche de poussière graisseuse le coquillage délicat, gravé du nom de cette ville côtière si pleine de promesses, où ils arriveraient bientôt. D'où ils rapporteraient quelques babioles, pour les accompagner sous la poussière des ans.
Il secoua la tête, tenta de chasser ces idées qui juraient avec la douceur du moment présent. Carpe Diem ! Non, ça ne passait pas.
-Quelque chose qui ne va pas mon Loulou ? On peut s'arrêter un moment si tu préfères. Sa voix sonnait faux. Il sursauta, la dévisagea. Son visage défait la trahissait. Les mêmes pensées venaient de la visiter, gâchant par avance tout le voyage. Ils se débattaient tous deux pour reprendre pied, aucun ne pouvant prêter secours à l'autre.
Ils achèteraient le coquillage, terni par anticipation, passeraient de mornes jours à tenter de rendre sublimes pour le souvenir les moments qu'ils auraient dû vivre. Rentreraient au pays. Vieilliraient. Elle avait raison, après tout, cette route était bien dangereuse.


Dernière édition par Adrien' le Ven 20 Fév 2009 - 20:50, édité 1 fois
Spangle
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Nombre de messages : 181
Commentaires : toujours bienvenus

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Tragique - Adrien' et Hervé Empty Ma version des faits.

Message  Hervé Ven 20 Fév 2009 - 14:04

Voici ce que j’avais pondu sur le même thème... Bon.


Une fin tragique


Il pleut depuis le matin, et même à bien y réfléchir depuis l’avant-veille : de la pluie solide, en bourrasques, en paquets, en morceaux, avec en toile de fond un ciel gris et noir. C’est dimanche, et il n’y a rien à faire. Dehors les arbres ploient sous octobre. La pluie bat les carreaux ; dans un canapé, un couple est assis ; chacun à un bout du canapé. Elle lit un roman, il regarde la télé sans la voir ; d’ailleurs le son est coupé. Soudain, il prend la parole :

— Je sais bien que j’aurai une fin tragique ; je suis destiné à mourir dans d’atroces souffrances.
— Tu sais, il faut bien mourir d’une façon ou d’une autre, et c’est jamais rigolo.
— Oui, mais moi ça sera pire.
— Tu me fatigues...


André a toujours des idées saugrenues, et en général Jessica trouve ça mignon ; mais quand André a des idées saugrenues et déprimantes les jour de pluie, Jessica trouve ça fatigant. Elle essaie de replonger dans sa lecture.

— Tu veux pas sortir te promener ?
— T’es pas fou ?
— Je m’ennuie...


Elle sait bien qu’il est sérieux, qu’il est capable de sortir se promener sous la pluie, et de rentrer trempé jusqu’aux os, comme un môme. Après il passe trois jours au lit, brûlant de fièvre, enrageant de ne pas pouvoir se lever, et il faut le dorloter — comme un môme.

— Si tu sors te promener par ce temps, tu risques de tomber dans un trou plein de boue et de t’y noyer, tu sais. C’est peut-être ça, ta mort atroce...
— Peut-être... mais il est inutile d’essayer d’échapper à son destin. Je dois y faire face.


Qu’est-ce que vous voulez lui dire, de toutes façons il n’en fait qu’à sa tête.

— Mets tes bottes en caoutchouc...
— Ouais, ouais...


Bon, elle aura essayé. Il sort côté jardin.

Elle lit encore quelques pages, et puis se rend compte qu’elle ne sait pas ce qu’elle vient de lire. Le petit bout de son cerveau qui a lu n’a pas réussi à capter l’attention de celui qui est censé écouter l’histoire et apprécier le style. Elle se lève et va regarder par la fenêtre. Elle le voit encore, déjà loin, gommé par la pluie, qui s’éloigne pour peut-être ne jamais revenir...

* * *


Elle a fini par s’inquiéter : trois heures après, la nuit tombait, il pleuvait toujours et il n’était toujours par rentré. Elle avait repassé et plié le linge, préparé une pâte à gaufres pour son retour, et puis il n’était pas là. Elle attendit longtemps, debout devant la fenêtre, espérant le voir arriver d’une minute à l’autre. Puis elle se recroquevilla dans un coin du canapé, sous une couverture, et elle attendit encore... elle s’assoupit.

Soudain, elle rouvrit les yeux : il était là, joyeux et sautillant, s’ébrouant comme un jeune chien. Il brandissait un sac en plastique :

— Regarde, regarde ! J’ai ramené des champignons !

Voilà un dîner qui rachète un dimanche sous la pluie : une bouteille de Bourgogne, une omelette aux champignons, et des gaufres. Elle finit la vaisselle et se servit un cognac — André n’en buvait pas — et le rejoint au salon. Il était plongé dans le livre des champignons.

— Qu’est-ce que tu regardes ?
— Je vérifie que c’étaient des bons...

Hervé

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