2011-07-01 - 1er juillet 2011 - Lizzz + pot de fin de saison
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2011-07-01 - 1er juillet 2011 - Lizzz + pot de fin de saison
Lizz animera un atelier à partir de reproductions d'art (si ça vous va).
Ce sera notre dernière séance avant la probable dispersion estivale ; je vous propose de terminer la soirée en causant autour d'un verre de l'avenir de l'atelier et d'un éventuel camping d'écriture (ou autre, apportez vos idées).
Ce sera notre dernière séance avant la probable dispersion estivale ; je vous propose de terminer la soirée en causant autour d'un verre de l'avenir de l'atelier et d'un éventuel camping d'écriture (ou autre, apportez vos idées).
La chaussure et moi (Lizzz)
La chaussure et moi
J’irai loin. Certains ont la corde au cou. Personnellement, j’ai une chaussure au bout de cette corde. Quand on a trouvé une bonne chaussure, on est sûr d’aller loin. Ma chaussure me pare comme un collier. Mais elle est plus significative. Marcher, dans la vie c’est essentiel. Pour aller où ? Je ne l’ai pas encore déterminé. Ce qui compte le plus, ce n’est pas le but, c’est la manière. Marcher de côté comme un cordonnier sur l’eau, c’est cela que je choisis.
Pour le moment, je suis immobile et me demande de quel côté marcher. Contourner la vie par la droite ? Par la gauche ? Ma chaussure est celle du pied gauche. Je ne peux pas marcher droit. De toute façon, je ne me sens pas capable de marcher en plein dans la vie. Je resterai sur le bord.
J’ai un secret. C’est pénible à dire. Voilà : je suis me sens menacé par ma chaussure. J’ai peur qu’à force de la voir pendre à mon cou, quelqu’un ait l’idée de mettre quelque chose dedans. Un scarabée pour me gratter… Une pierre pour me faire tomber, emporté par son poids… Et pourquoi pas ma propre tête ? « Un jour », me dira -t-on, « on te mettra la tête dans ta chaussure, le nez en particulier. Pour que tu mesures avec quoi tu veux marcher dans la vie. Un godillot pourri qui sent le fromage en chaleur ! »
Quelque chose m’est arrivé hier. Quelque chose de grave. Ma chaussure s’est animée. Elle s’est mise à m’envoyer des coups de pied dans le ventre. Il y a un enfant dans mon ventre. Bien que je sois un homme. Il se trouve qu’il n’est pas de moi –sa mère me l’a dit.
Sa tête (l’enfant est fait d’une tête seulement, c’est un intellectuel) s’est allongée progressivement dans le sens de la longueur dans le but initial, inconscient, d’éviter le contact de la chaussure pour mieux survivre. Pourtant, contact il y a eu ! Violences à l’enfant.
Moi, je n’ai rien dit, rien fait, même pas regardé. Et lui, comment a-t-il réagi ? Est-il mort ? Mourant ? Handicapé à vie ? Je ne sais. J’essaie maintenant de l’encourager : « Mon enfant, (pardon : enfant qui n’est pas de moi et habites mon ventre) ne te fais pas de bile, mets-toi à l’aise. Fume la pipe, bois une bière. Lis une revue. Défense de l’Artpar exemple. Ou Défense de la Patrie. Ou Défense… »Mais « Défense de trop penser !» me crie ma chaussure en révolte. « Il s’agit de marcher ! »
Je commence à en avoir assez. Oh, envoyer en l’air cette damnée chaussure ! Comme ça, d’un coup d’épaule par-dessus mon épaule… J’essaie. Mais… il y a un habitant dans ma chaussure ! Il s’y dresse impérieusement. C’est aujourd’hui Noël. On m’a fait un cadeau : on m’a donné un homme. C’est un homme en colère. Il se projette hors de la chaussure et se perche sur ma tête d’un pied ferme. Il envoie la chaussure à terre. Et se lance dans un discours à la Nation. C’est la guerre. Ou la révolution, je ne sais pas bien. De toute façon, c’est le moment de se réveiller. C’est cet homme qui le dit. Il harangue la foule.
Oui, devant moi, il y a une foule. La foule en colère. En colère contre moi. Contre qui d’autre que moi pourrait-elle l’être ? L’homme en colère contre moi incite la foule en colère à se jeter sur moi. Ils me piétinent tous. Avec une seule chaussure. C’est MA chaussure ! Elle s’est retournée contre moi. La foule se fait océan. La chaussure pend de nouveau à mon cou. Dedans, l’homme en lourde colère, très lourde. Je coule, la foule de mer autour du cou.
Lizzz- Nombre de messages : 10
Grazziela (Les escarpins)
Grazziela se penche vers les escarpins qui gisent au pied de sa chaise, en saisit un par son talon argenté et me le tend, désignant la base de la bride :
- Vous voyez ? Ici, ça travaille énormément. Si la couture est mal faite, ça claque en quinze jours. Avant, ça m’arrivait tout le temps, et je peux vous dire que quand une godasse vous lâche, votre soirée est foutue. Vous n’avez plus qu’à rentrer en clopinant et à retourner en acheter une paire le lendemain. C’est pour ça qu’il faut mettre cher. Maintenant, quand je conseille une nouvelle, je lui dis carrément : tes dix premières passes, c’est pour t’équiper. Tu mets tout l’argent dans des affaires qui vont te durer, et là, t’es tranquille. Là, tu peux commencer à gagner ta vie. Elle s’interrompt pour me fixer, un sourire aux lèvres.
- Vous pensez que j’exagère, hein ? Vous vous dites que c’est juste une paire de godasses... Non, non, c’est normal, fait-elle en arrêtant d’un geste mes protestations. Les jeunes non plus, elles ne me croient pas ; elles n’écoutent pas quand je leur dis de mettre soixante sacs dans les godasses. Faut le vivre, m’explique-t-elle, indulgente. Tant que ça ne vous est pas arrivé, cinq fois, dix fois, vous prenez de la camelote.
- Vous voyez ? Ici, ça travaille énormément. Si la couture est mal faite, ça claque en quinze jours. Avant, ça m’arrivait tout le temps, et je peux vous dire que quand une godasse vous lâche, votre soirée est foutue. Vous n’avez plus qu’à rentrer en clopinant et à retourner en acheter une paire le lendemain. C’est pour ça qu’il faut mettre cher. Maintenant, quand je conseille une nouvelle, je lui dis carrément : tes dix premières passes, c’est pour t’équiper. Tu mets tout l’argent dans des affaires qui vont te durer, et là, t’es tranquille. Là, tu peux commencer à gagner ta vie. Elle s’interrompt pour me fixer, un sourire aux lèvres.
- Vous pensez que j’exagère, hein ? Vous vous dites que c’est juste une paire de godasses... Non, non, c’est normal, fait-elle en arrêtant d’un geste mes protestations. Les jeunes non plus, elles ne me croient pas ; elles n’écoutent pas quand je leur dis de mettre soixante sacs dans les godasses. Faut le vivre, m’explique-t-elle, indulgente. Tant que ça ne vous est pas arrivé, cinq fois, dix fois, vous prenez de la camelote.
Spangle- Nombre de messages : 181
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