2011-06-24 - 24 juin 2011 - athanase - Attention : chez Laure
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2011-06-24 - 24 juin 2011 - athanase - Attention : chez Laure
L'atelier aura lieu exceptionnellement chez Laure, au 39 rue Battant. Il sera animé par Athanase ou par Romain.
Re: 2011-06-24 - 24 juin 2011 - athanase - Attention : chez Laure
1.
Consigne : sujet d’invention du bac de français 2011
texte
d'appui :
Gustave
Flaubert, L’Education
sentimentale, III. 1, 1869
Frédéric,
le héros de l’Education
sentimentale,
assiste avec son ami Hussonnet au saccage
du
Palais des Tuileries, au cours de la Révolution de 1848.
Tout
à coup la
Marseillaise retentit.
Hussonnet et Frédéric se penchèrent sur la
rampe.
C’était
le peuple. Il se précipita dans l’escalier, en secouant à
flots vertigineux des têtes
nues,
des casques, des bonnets rouges, des baïonnettes et des épaules,
si
impétueusement,
que des gens disparaissaient dans cette masse grouillante qui montait
toujours,
comme un fleuve refoulé par une marée d’équinoxe,
avec un 5
long
mugissement,
sous
une impulsion irrésistible. En haut, elle se répandit,
et le chant tomba.
On
n’entendait plus que les piétinements de tous les souliers,
avec le clapotement des
voix.
La foule inoffensive se contentait de regarder. Mais, de temps à
autre, un coude trop à
l’étroit
enfonçait une vitre ; ou bien un vase, une statuette déroulait
d’une console, par terre.
10
Les
boiseries pressées craquaient. Tous les visages étaient
rouges ; la sueur en coulait à
larges
gouttes ; Hussonnet fit cette remarque :
-
« Les
héros ne sentent pas bon ! »
-
« Ah
! vous êtes agaçant », reprit Frédéric.
Et
poussés malgré eux, ils entrèrent dans un
appartement où s’étendait, au plafond, un
15
dais de
velours rouge. Sur le trône, en dessous, était assis un
prolétaire à barbe noire, la
chemise
entr’ouverte, l’air hilare et stupide comme un magot1.
D’autres gravissaient l’estrade
pour
s’asseoir à sa place.
-
«
Quel mythe ! » dit Hussonnet. « Voilà le peuple
souverain ! »
Le
fauteuil fut enlevé à bout de bras, et traversa toute
la salle en se balançant.
20
- «
Saprelotte ! comme il chaloupe ! Le vaisseau de l’Etat est ballotté
sur une mer
orageuse
! Cancane-t-il2
!
Cancane-t-il ! »
On
l’avait approché d’une fenêtre, et, au milieu des
sifflets, on le lança.
-
«
Pauvre vieux ! » dit Hussonnet en le voyant tomber dans le
jardin, où il fut repris
vivement
pour être promené ensuite jusqu’à la Bastille,
et brûlé.
25
Alors, une
joie frénétique éclata, comme si, à la
place du trône, un avenir de bonheur
illimité
avait paru ; et le peuple, moins par vengeance que pour affirmer sa
possession, brisa,
lacéra
les glaces et les rideaux, les lustres, les flambeaux, les tables,
les chaises, les
tabourets,
tous les meubles, jusqu’à des albums de dessins, jusqu’à
des corbeilles de
tapisserie.
Puisqu’on était victorieux, ne fallait-il pas s’amuser !
La canaille s’affubla
ironiquement
de dentelles et de cachemires. Des crépines3
30
d’or
s’enroulèrent aux manches
des
blouses, des chapeaux à plumes d’autruche ornaient la tête
des forgerons, des rubans
de
la Légion d’honneur firent des ceintures aux prostituées.
Chacun satisfaisait son caprice ;
les
uns dansaient, d’autres buvaient. Dans la chambre de la reine, une
femme lustrait ses
bandeaux
avec de la pommade ; derrière un paravent, deux amateurs
jouaient aux cartes ;
Hussonnet
montra à Frédéric un individu qui fumait son
brûle-gueule4
35
accoudé
sur un
balcon
; et le délire redoublait au tintamarre continu des
porcelaines brisées et des
morceaux
de cristal qui sonnaient, en rebondissant, comme des lames
d’harmonica.
sujet
:
Rentrée
chez elle, la femme aux bandeaux (texte B, lignes 33-34) raconte à
sa famille
la
prise des Tuileries à laquelle elle a participé.
Vous
exprimerez ses émotions et ses sentiments.
Vous
veillerez à mêler description et narration.
«M’man
! P’pa ! Les morveux ! Ram’nez vous ! Ça y est, c’est la
révolution ! Trop d’la balle ! J’reviens des Tuilleries,
on a tout bouillave ! Z’auriez du voir ça, on a tout
bouillave.
-
Raconte, raconte !
-
Ouais vas-y, balance, t’as pu braquer des trucs ?
-
T’inquiète Jojo, tu me connais. Ç’a commencé
quand on a appris qu’ils fermaient les ateliers nationaux, ces
bâtards. Tous au chom’du, ouste ! Tu parles qu’on avait les
glandes, on était tous trop véner’. On a tchtché
cinq minutes, ça asuffit pour qu’on tombe d’accord pour
tout faire péter. On a foncé tout droit vers les
Tuileries, vu que c’est là que les pires des gros lards se
gavent de tout ce qu’on produit.
«Sur
le chemin, on a foutu un de ces merdier, wallah, tout le monde venait
avec nous. Moi j’étais trop à fond, la vérité,
j’gueulait comme un âne qu’on allait tout niquer, qu’on
allait marave du couroné jusqu’à pouvoir teindre nos
drapeaux avec ce qui s’en écoule. On avait une de ces rages,
wallah, et comme on était gavé nombreux on se sentait
ballèze comme un tsunami nucléaire. C’est trop
chelou, en même temps on avait la haine comme des saloperies de
chiens enragés, mais en même temps ça faisait
taille de zizir de voir tous les crevards de Paname ensemble pour
foutre sur la gueule à tous ceux qui nous chient sur la face
depuis toujours.
«Arrivéq
place de l’hôtel de ville, y’a l’aut’ trou du cul de
Lamartine, t’sé le général qui s’dit
républicard, t’sé, qu’a grimpé sur la
statue, t’as vu, et qu’a commencé à nous servir son
discours bidon. Comment c’était trop du pipo j’te jure,
genre blabla liberté mais fais c’que j’te dic, nani-nana
égalité mais j’reste riche et toi pauvre, tati-tata
révolution mais rentrez chez vous j’me débrouille.
Les vieux prolos ils disaient qu’à l’écouter on
allait se faire embobiner comme en 89.
«Après
on s’est remis en marche et on est arrivés au palais, et là,
carnage. Les quelques encravatés qu’étaient là
nous disaient de rester tranquiles, mais nous, rien à battre,
on était en mode nique tout. Z’auriez vu la tronche qu’elle
tirait, l’élite de la nation, même leurs larbins s’y
sont mis, wallah. Moi j’ai chourave tout c’que j’ai pu et j’me
suis arraché avant que ça parte en couille. Mais demain
on remet ça, et tous les jours jusqu’à ce que le
dernier affameur soit dérouillé comme il le mérite.»
2.
Consigne : écrire librement à partir de la phrase
suivante, extraite de Salvador DALI, Les moustaches radar
(fragment du Journal d’un génie correspondant aux
années 1955-1960), folio, page 22 :
«Après
l’étude morphologique du tournesol, ai-je dit, j’ai senti
que ses points, ses courbes et ses ombres avaient un air taciturne
qui correspond très précisément à la
mélancolie profonde de Léonard de Vinci.»
Historiette
géniale, ou peu s’en faut
Salvéonard
de Vincidal était ce jour là d’une humeur taciturne
au possible. Voilà plus d’une semaine qu’il passait ses
journées à mélancoliser, alcoolisé dès
l’aube, allongé au milieu d’un champ de tournesol. Sa
morphologie mentale, représentée géométriquement,
se résumait à un point, dérivant le long d’une
courbe, contemplant d’un oeuil torve l’ombre courbée qu’il
dessinait sans le vouloir.
La
médiocrité de ce texte superflu voudrait qu’on
l’interrompe sans plus tarder, mais Salvéonard ne
l’entendait pas de cette oreille et, au grand dam des meilleurs
d’entre nous, le narrateur sournois se fit son complice.
Arrachant
un à un huit tournesols, le dernier descendant de la lignée
de Vincidal s’en fit un bouquet, et le mis à profit pour
fouetter l’air avec l’énergie du désespoir, sans
raison apparente. L’air fouetté, en bon chrétien,
tendit l’autre joue, et ce petit manège aurait pu durer
jusqu’à la biodégradation du fouet par destination,
si le narrateur, pris de remords face à l’ampleur du
désastre, n’avait eu le réflexe salutaire d’y
mettre fin. Il - je - decréta alors, contre toute attente, la
mort subite de Salvéonard de Vincidal, toujours sans raison
apparente, c’est bien commode.
Jubilant
d’une auto-satisfaction qui, pour être injustifiée,
n’en était pas moins réelle, je - le narrateur - mis
un point final qui commençait à se faire attendre à
ce récit qui avait commencé presque aussi mal qu’il
n’allait se conclure.
Consigne : sujet d’invention du bac de français 2011
texte
d'appui :
Gustave
Flaubert, L’Education
sentimentale, III. 1, 1869
Frédéric,
le héros de l’Education
sentimentale,
assiste avec son ami Hussonnet au saccage
du
Palais des Tuileries, au cours de la Révolution de 1848.
Tout
à coup la
Marseillaise retentit.
Hussonnet et Frédéric se penchèrent sur la
rampe.
C’était
le peuple. Il se précipita dans l’escalier, en secouant à
flots vertigineux des têtes
nues,
des casques, des bonnets rouges, des baïonnettes et des épaules,
si
impétueusement,
que des gens disparaissaient dans cette masse grouillante qui montait
toujours,
comme un fleuve refoulé par une marée d’équinoxe,
avec un 5
long
mugissement,
sous
une impulsion irrésistible. En haut, elle se répandit,
et le chant tomba.
On
n’entendait plus que les piétinements de tous les souliers,
avec le clapotement des
voix.
La foule inoffensive se contentait de regarder. Mais, de temps à
autre, un coude trop à
l’étroit
enfonçait une vitre ; ou bien un vase, une statuette déroulait
d’une console, par terre.
10
Les
boiseries pressées craquaient. Tous les visages étaient
rouges ; la sueur en coulait à
larges
gouttes ; Hussonnet fit cette remarque :
-
« Les
héros ne sentent pas bon ! »
-
« Ah
! vous êtes agaçant », reprit Frédéric.
Et
poussés malgré eux, ils entrèrent dans un
appartement où s’étendait, au plafond, un
15
dais de
velours rouge. Sur le trône, en dessous, était assis un
prolétaire à barbe noire, la
chemise
entr’ouverte, l’air hilare et stupide comme un magot1.
D’autres gravissaient l’estrade
pour
s’asseoir à sa place.
-
«
Quel mythe ! » dit Hussonnet. « Voilà le peuple
souverain ! »
Le
fauteuil fut enlevé à bout de bras, et traversa toute
la salle en se balançant.
20
- «
Saprelotte ! comme il chaloupe ! Le vaisseau de l’Etat est ballotté
sur une mer
orageuse
! Cancane-t-il2
!
Cancane-t-il ! »
On
l’avait approché d’une fenêtre, et, au milieu des
sifflets, on le lança.
-
«
Pauvre vieux ! » dit Hussonnet en le voyant tomber dans le
jardin, où il fut repris
vivement
pour être promené ensuite jusqu’à la Bastille,
et brûlé.
25
Alors, une
joie frénétique éclata, comme si, à la
place du trône, un avenir de bonheur
illimité
avait paru ; et le peuple, moins par vengeance que pour affirmer sa
possession, brisa,
lacéra
les glaces et les rideaux, les lustres, les flambeaux, les tables,
les chaises, les
tabourets,
tous les meubles, jusqu’à des albums de dessins, jusqu’à
des corbeilles de
tapisserie.
Puisqu’on était victorieux, ne fallait-il pas s’amuser !
La canaille s’affubla
ironiquement
de dentelles et de cachemires. Des crépines3
30
d’or
s’enroulèrent aux manches
des
blouses, des chapeaux à plumes d’autruche ornaient la tête
des forgerons, des rubans
de
la Légion d’honneur firent des ceintures aux prostituées.
Chacun satisfaisait son caprice ;
les
uns dansaient, d’autres buvaient. Dans la chambre de la reine, une
femme lustrait ses
bandeaux
avec de la pommade ; derrière un paravent, deux amateurs
jouaient aux cartes ;
Hussonnet
montra à Frédéric un individu qui fumait son
brûle-gueule4
35
accoudé
sur un
balcon
; et le délire redoublait au tintamarre continu des
porcelaines brisées et des
morceaux
de cristal qui sonnaient, en rebondissant, comme des lames
d’harmonica.
sujet
:
Rentrée
chez elle, la femme aux bandeaux (texte B, lignes 33-34) raconte à
sa famille
la
prise des Tuileries à laquelle elle a participé.
Vous
exprimerez ses émotions et ses sentiments.
Vous
veillerez à mêler description et narration.
«M’man
! P’pa ! Les morveux ! Ram’nez vous ! Ça y est, c’est la
révolution ! Trop d’la balle ! J’reviens des Tuilleries,
on a tout bouillave ! Z’auriez du voir ça, on a tout
bouillave.
-
Raconte, raconte !
-
Ouais vas-y, balance, t’as pu braquer des trucs ?
-
T’inquiète Jojo, tu me connais. Ç’a commencé
quand on a appris qu’ils fermaient les ateliers nationaux, ces
bâtards. Tous au chom’du, ouste ! Tu parles qu’on avait les
glandes, on était tous trop véner’. On a tchtché
cinq minutes, ça asuffit pour qu’on tombe d’accord pour
tout faire péter. On a foncé tout droit vers les
Tuileries, vu que c’est là que les pires des gros lards se
gavent de tout ce qu’on produit.
«Sur
le chemin, on a foutu un de ces merdier, wallah, tout le monde venait
avec nous. Moi j’étais trop à fond, la vérité,
j’gueulait comme un âne qu’on allait tout niquer, qu’on
allait marave du couroné jusqu’à pouvoir teindre nos
drapeaux avec ce qui s’en écoule. On avait une de ces rages,
wallah, et comme on était gavé nombreux on se sentait
ballèze comme un tsunami nucléaire. C’est trop
chelou, en même temps on avait la haine comme des saloperies de
chiens enragés, mais en même temps ça faisait
taille de zizir de voir tous les crevards de Paname ensemble pour
foutre sur la gueule à tous ceux qui nous chient sur la face
depuis toujours.
«Arrivéq
place de l’hôtel de ville, y’a l’aut’ trou du cul de
Lamartine, t’sé le général qui s’dit
républicard, t’sé, qu’a grimpé sur la
statue, t’as vu, et qu’a commencé à nous servir son
discours bidon. Comment c’était trop du pipo j’te jure,
genre blabla liberté mais fais c’que j’te dic, nani-nana
égalité mais j’reste riche et toi pauvre, tati-tata
révolution mais rentrez chez vous j’me débrouille.
Les vieux prolos ils disaient qu’à l’écouter on
allait se faire embobiner comme en 89.
«Après
on s’est remis en marche et on est arrivés au palais, et là,
carnage. Les quelques encravatés qu’étaient là
nous disaient de rester tranquiles, mais nous, rien à battre,
on était en mode nique tout. Z’auriez vu la tronche qu’elle
tirait, l’élite de la nation, même leurs larbins s’y
sont mis, wallah. Moi j’ai chourave tout c’que j’ai pu et j’me
suis arraché avant que ça parte en couille. Mais demain
on remet ça, et tous les jours jusqu’à ce que le
dernier affameur soit dérouillé comme il le mérite.»
2.
Consigne : écrire librement à partir de la phrase
suivante, extraite de Salvador DALI, Les moustaches radar
(fragment du Journal d’un génie correspondant aux
années 1955-1960), folio, page 22 :
«Après
l’étude morphologique du tournesol, ai-je dit, j’ai senti
que ses points, ses courbes et ses ombres avaient un air taciturne
qui correspond très précisément à la
mélancolie profonde de Léonard de Vinci.»
Historiette
géniale, ou peu s’en faut
Salvéonard
de Vincidal était ce jour là d’une humeur taciturne
au possible. Voilà plus d’une semaine qu’il passait ses
journées à mélancoliser, alcoolisé dès
l’aube, allongé au milieu d’un champ de tournesol. Sa
morphologie mentale, représentée géométriquement,
se résumait à un point, dérivant le long d’une
courbe, contemplant d’un oeuil torve l’ombre courbée qu’il
dessinait sans le vouloir.
La
médiocrité de ce texte superflu voudrait qu’on
l’interrompe sans plus tarder, mais Salvéonard ne
l’entendait pas de cette oreille et, au grand dam des meilleurs
d’entre nous, le narrateur sournois se fit son complice.
Arrachant
un à un huit tournesols, le dernier descendant de la lignée
de Vincidal s’en fit un bouquet, et le mis à profit pour
fouetter l’air avec l’énergie du désespoir, sans
raison apparente. L’air fouetté, en bon chrétien,
tendit l’autre joue, et ce petit manège aurait pu durer
jusqu’à la biodégradation du fouet par destination,
si le narrateur, pris de remords face à l’ampleur du
désastre, n’avait eu le réflexe salutaire d’y
mettre fin. Il - je - decréta alors, contre toute attente, la
mort subite de Salvéonard de Vincidal, toujours sans raison
apparente, c’est bien commode.
Jubilant
d’une auto-satisfaction qui, pour être injustifiée,
n’en était pas moins réelle, je - le narrateur - mis
un point final qui commençait à se faire attendre à
ce récit qui avait commencé presque aussi mal qu’il
n’allait se conclure.
athanase- Nombre de messages : 8
Re: 2011-06-24 - 24 juin 2011 - athanase - Attention : chez Laure
désolé pour la mise en page, fucking copié-collé
athanase- Nombre de messages : 8
1848
1848
Devant son miroir, Margoton enduit d’une lotion vermeille les bandeaux de ses cheveux. Elle a l’intention de plaire à Pierre.
Aujourd’hui elle a passé un après-midi merveilleux. Comme on s’est bien amusés avec le roi et la reine ! On leur a planté des poignards en plein cœur. Ils s’aimaient d’un seul cœur mais on a utilisé plusieurs poignards. Puis on a crevé les yeux de la reine avec les diamants de sa couronne. Elle a pleuré des larmes rouges.
Autour de nous, tout était rouge. Rouge cerise, coquelicot, Beaujolais. Rouge tendre, lèvres de femme. J’aime le rouge. Ça pète comme des baisers. Le bonnet de nuit de mon Pierre est rouge. Si éblouissant que je le vois dans le noir. Si le bonnet de Pierre était d’une autre couleur, nos nuits ne seraient pas si folles.
Les dents de la reine claquaient comme des mitraillettes. La couronne du roi est tombée dans une mare rouge où elle s’est mise à flotter comme un navire de guerre. La mare s’est faite plus large et plus profonde. Des sirènes, maîtresses du roi, ont éclaté de rire en se dressant sur les vagues. Leurs écailles sont tombées de leur ventre. Le peuple en colère, lui, il y avait longtemps qu’il n’avait plus d’écailles sur les yeux ! Il les avait données aux sirènes qui s’en étaient garni le corps.
J’aime la Révolution sur la mer Rouge. Dans les flots en sang de pavot. Je nage dans les yeux des sirènes, ronds comme des noyaux de cerise. J’ai chevauché l’océan en furie sur le dos de l’hippocampe du roi.
A la fin de la soirée, on a brûlé le roi et la reine avec les flammes du soleil qui descendait sur les eaux. On a dispersé leurs cendres dans l’océan aux parfums organiques. Les sirènes ont pris le deuil. Une sirène qui prend le deuil crache ses yeux-noyaux et se rabat la queue sur le ventre. Elle pleure aussi fort que s’il fallait se désoler d’une naissance. La naissance d’un bébé roi. Si les papa-maman du marmot Louis-Philippe avaient su, ils se seraient enfoncés dans le ventre les poignards qu’on leur a plantés aujourd’hui dans le cœur.
Louison-Phil, Louison-Filou, hibou chou genou caillou. Le roi en mourant a fait un bruit de hibou. J’ai filé la laine du roi puis j’ai filé en douce en emportant la laine. J’ai tricoté des bonnets de nuit pour mon Pierre. Oh ! Les nuits avec Pierre ! C’est presque aussi époustouflant que les jours où on tue les rois ! Dans les plus belles nuits, les étoiles sont rouges.
Lizzz- Nombre de messages : 10
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