Trajet en bus

première séquence
Bus de 7h45
Je paie mon ticket. Je retourne la pièce sur le petit comptoir avant de la donner au chauffeur. Le bus est presque vide. Je m'avance et aperçois Thomas. Il me regarde et aussitôt tourne la tête, un sourire gêné me semble-t-il aux lèvres. Lorsque je le salue il ne me répond pas. Je prends place devant lui, j'ai comme des serpents dans le ventre.

Deuxième séquence
Bus de 9h15, mardi
Je suis en retard
Je maugrée sous la pluie.
Le bus arrive. Thomas est debout tout à côté. Je lui souris sans le saluer cette fois. Il me dit trois mots en allemand que je ne comprends pas puis : "tu prends cette ligne de bus toi ?" "Ça va?"
Je commence à lui répondre et nous descendons à l'arrêt voulu.


Troisième séquence
Bus de 8h45.Lundi.
Je le vois la tête contre la vitre, riant déjà.
Pièce, ticket et je vais à lui. Cette fois pas de silence ni de mots que je ne comprends pas. Nous parlons et il me fait plaisir. Il colle souvent son index au majeur de sa main droite. De temps en temps un petit sourire en coin et il tourne la tête. J'aime prendre ce bus maintenant avec lui, ça m'enveloppe.

Quatrième séquence. La nuit, en rêve.
Je suis avec Thomas et ses deux frères.
Ils connaissent certaines choses inquiétantes. Je leur fais confiance.
Le champ est en pente. Soudain le ciel me perd, le champ comme un plateau verse : je ne vois plus que le sourire de Thomas et j'essaie de me maintenir car les frères me l'ont dit : agrippe-toi à ses yeux.

C’est bien, mais ça réchauffe pas...

Portait en creux de la narratrice : on a l'impression avec ce froid compte-rendu qu'elle tente de prendre un peu de recul par rapport à la situation. Les détails n'en sont pas, elle s'applique dans les formalités les plus banales : payer son ticket, comme si le quotidien ne les rendait pas moins étranges. Elle hésite sur le comportement à adopter, sur l'interprétation de celui de Thomas, c'est très naturel.

Remarques :
- Je me suis permis deux-trois corrections, notamment typographiques : les signes de ponctuation simples sont suivis d'un espace, les signes doubles en sont précédés et suivis.
- Je n'ai pas partagé l'émoi de la narratrice lors de la première rencontre, car je ne savais pas quel sentiment la troublait : elle pouvait aussi bien avoir à faire à un ennemi. Si quelqu'un confirme, je te suggère de rajouter un indice pour qu'on comprenne tout de suite.
- "Je commence à lui répondre et nous descendons à l'arrêt voulu." me gêne : on "commence à répondre" quand on va être interrompu. "nous descendons à l'arrêt voulu", mais je ne les ai pas vu monter, s'asseoir,... ce n'est pas obligatoire mais préciser ensuite qu'ils descendent contraste avec cette ellipse.

Mais justement... ça n’est jamais très clair... ou bien si ?

En tout cas il y a de belles formules, par exemple « le champ comme un plateau verse ».

Allez, je fais mon tatillon... Les indications :

Bus de 7h45
Bus de 9h15, mardi
Bus de 8h45.Lundi.

ne sont pas homogènes. Mettre les trois exactement sous la même forme pourrait souligner le côté répétitif de prendre le bus tous les matins.

histoire inquiétante Cobeae !

to be continued ?