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Werner mon cousin (Lizzz)

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Werner mon cousin (Lizzz) Empty Werner mon cousin (Lizzz)

Message  Lizzz Mar 10 Mai 2011 - 20:31

Werner, mon cousin






Le jeune homme que j'avais rencontré –mon cousin– était vêtu de velours fin, léger, presque aérien. Je buvais le champagne à sa flûte: la saveur pétillante faisait, en passant, frémir mon corps comme la musique veloutée, laineuse, floconneuse d'un berger. Mon amour allait-il continuer à creuser son chemin, toujours secret, à pas de velours, silencieux, comme des flocons tombant sur des flocons ? Certains aiment les marques de feu. Froufrou ami, dans mon cœur se sont imprimées tes traces tendres.



Oubli ombré... je ne pouvais pas deviner ta venue. Je suis mère maintenant. D’enfants d'un autre que toi, mon cousin. C'est la faute de mon père. C'est lui qui m'a dit de te barrer le passage. « Tu ne l’épouseras pas. C’est ton cousin, vous auriez des enfants monstres. » Voix meuble comme du bois de chêne. Poigne de fer. Le père. Ô velours! Où es-tu ? Les baisers de mon mari résonnent sur ma peau, froids comme un vent du nord. Père, comment pourrais-je te pardonner? Et toi, Dieu, pourquoi ne nous as-tu pas écoutés, lui et moi, Werner et moi?



Oubli ombré, es-tu vraiment venu ? Ombre, oui. Oubli, non. Je feins d'avoir oublié, me le feins à moi-même. L'ombre est là, harcelante, dans cette chambre jadis si claire.... C’était lui le cavalier. Lui le chevalier. Dans une lumière un peu rousse, qui s’effaçait en un sillon aux poussières de soleil tombant.



Werner approchait. Je le regardais intensément. S'il allait disparaître? Silhouette d'homme mais si fragile... presque d'adolescent... Je me souvenais de ma sœur qui jouait à projeter sur le mur des ombres chinoises en personnages effervescents aux dialogues imaginés, inaudibles sauf au cœur. Et lui, oserait-il me parler? Si je faisais un pas vers lui, serait-il effrayé? Frissonnerait-il sur son cheval de l'âme? S'il allait s'évanouir, disparaître par l'entrouverture de la porte? S'il ne revenait jamais?



Il est parti. Chassé par la voix de mon père. Peut-être aussi par mon silence. Mon cœur est-il grossi ou desséché? Grossi. De la rivière d'une vie qui aurait pu être. Le galop s'est arrêté ce matin là, pour toujours. Werner… Werner ou Vermeer ? Mon cousin. Il a ouvert un album de photos : nos châteaux d'enfants sur le sable, bâtis au Portugal, la marée... les coquillages ronds, striés, leur demeure à nos pieds, cachée. Nos pieds nus. Werner ou Wagner ? Le piano de ta voix. Ta cousine est là, rêvant à toi tel que tu as été, que tu seras... que tu es sous l'empreinte de son imagination heureuse qui te modèle à touches d'amour en musique inavouée.



Plus de mer, plus de rivière. Le désert. Les enfants sont grands. Au loin. En pays étranger. Pourtant j’entends encore le velours de la rivière, le roulement feutré de la mer... Werner, je sais que tu es là. Dans un éternel présent...Werner dans l'encadrement de la porte. Il sourit. Ses lèvres sur ma peau sont veloutées. Le temps ne passera plus, ne pourra plus passer. Maintenant que tu es adulte, que tu es devant moi, avec moi. Avance encore un peu. Je ne te retiendrai pas...je sais que tu resteras. J'ai toujours voulu que le temps s'arrête. Prié pour qu’il s’arrête. Il s’arrêtera. L'angélus sonnera éternellement. L'angélus sonne. Eternellement. Es-tu jamais parti? Ai-je été le jouet d'une image envolée? Non. Tu es là. Plus de plainte.



Tu avais dormi dans le salon. Tu dormais toutes les nuits dans le salon. Au réveil, tu m’apportais un chocolat fumant. Je tremblais. Ce jour là, tu n’as pas pu entrer dans la chambre. Mais pourquoi, pourquoi m'y opposai-je? Le temps aurait-il accepté d’interrompre son flux si j’avais laissé entrer mon cousin? Du matin au présent jusqu’au soir au présent, temps immobile comme un regard au sommet de son intensité... Angélus ? Ou vêpres tout embrumées d'abeilles aux mots froissés de nos prières?



Werner, tu es à mes côtés. Finis les mois de mai sans fleurs! Le vin coule de notre bouche jusque dans notre cœur. Vin réjouissant d'un même sang.

Lizzz

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