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Correspondance - Feurnard

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Message  Feurnard Sam 7 Fév 2009 - 12:50

Ce n'est pas grave.
Avec leurs horaires changés, les bus ne passaient plus que deux fois par jour, au seul arrêt du Cors. Il s'agissait désormais du même bus, tout neuf, spacieux et vitré, au chauffage éteint. Deux fois par jour, il quittait la nationale pour cette route de campagne, jusqu'au village, jusque dans la rue large, réaménagée du Cors, avant d'emmener ses passagers au travers d'autres villages à destination de la gare.
Les trains passaient là-bas, un seul s'arrêtait, à trois heures d'écart du premier bus.
À la sortie du village, après les haies le bus contournait les gendarmes et après le coude devait freiner : il freina. Le large rond-point l'obligeait à tourner à bas-régime, tout autour de la statue brillante. Sur la gauche, une nouvelle route étroite permettait enfin d'accélérer. Le paysage recommença à défiler, fermes, champs et forêts. Personne ne regardait.
Une légère élévation cachait aux passagers la nationale, devant la nationale l'ancienne voie desaffectée qui se détachait là et au bout de la nationale la ville d'Esper.
À bord tout le monde avait un point commun : tout le monde voulait se rendre à Esper. Quelques personnes éparses partageaient pour s'y rendre les raisons les plus diverses. Tout le monde se taisait. Alors le moteur tantôt grondait et tantôt se relâchait au passage des vitesses. Le moteur aussi étouffait sa voix. Pourtant tout le monde avait une histoire, mais ce voyage faisait aussi partie de leur histoire, ils ne voulaient pas en être dérangés.
L'histoire se passait en cale.
Au passage des premières habitations les freins jouèrent puis le bus s'engagea dans le faubourg. Tous les bâtiments étincelaient. Rue de la gare, les cabines de verre couvertes et les quais formaient au coeur d'Esper le seul terrain vague. Le moteur se tut, les portes s'ouvrirent, les quelques personnes descendirent dont une qui se retourna. Le bus resterait là, à couvert, pendant huit heures. Cette personne resta là à regarder le bus jusqu'à ce que les employés viennent en ouvrir la cale, et débarquer l'unique sac qu'elle contenait. C'étaient toutes les lettres de la tournée du matin.
La seule raison pour laquelle le bus roulait encore, deux fois par jour.
Alors la personne se détourna.
Il n'existait aucune ressemblance entre la ville et le village, aucune entre l'arrêt et la gare, aucune entre la rue et l'avenue, ni avec les restaurants et les bars. Les vastes panneaux de publicité, dernière poésie du monde, répétaient ce que tout le monde savait déjà. Celui de l'Ancien, parmi toutes les affiches d'établissement, était le seul à n'avoir été remplacé jamais. Sa façade de pierre, aux petites fenêtres fumées, jurait avec les murs vitrés. Seule la porte avait changé. Dedans, les habitués lisaient la lettre du jour : "Les mêmes différents."
Ce n'était pas grave, personne ne la comprenait.
La personne comprenait que dans cette pièce, comme dans le sac de lettres, il manquait Ondin(e).
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